La conjonctivite allergique
par Optoplus / Octobre 2018
Combien de fois avez-vous entendu quelqu’un se plaindre de souffrir, encore une fois, d’une conjonctivite? Fréquente, douloureuse et banalisée, elle est méconnue. Pourtant, à elle seule, elle représente plus de 95 % de toutes les formes d'allergies oculaires. Une étude récente démontre qu'aux États-Unis, plus de 41 millions de flacons de produits ophtalmiques antiallergiques en vente libre sont achetés chaque année.
La conjonctivite allergique, inflammation ou infection?
La conjonctivite est non seulement fréquente, mais également liée à une atteinte significative de la qualité de vie. En effet, près de 60 % des patients interrogés sur les répercussions de leur allergie oculaire sur leur vie ont mentionné être moins productifs au travail et que leurs symptômes ont un impact négatif sur leurs activités quotidiennes ainsi que sur leur état émotionnel.
Dans les faits, la conjonctivite allergique est une inflammation de la conjonctive causée par des allergènes de l'environnement. Mais qu’est-ce que cela veut réellement dire?
Saisonnière ou annuelle?
On distingue actuellement deux formes de conjonctivite allergique : elle peut être saisonnière ou annuelle. La conjonctivite allergique saisonnière (CAS) dépend d'une sensibilisation aux pollens des arbres (au printemps), des graminées (à l'été) et de l'herbe à poux (à l'automne). Les symptômes de conjonctivite sont donc présents à certaines périodes précises de l'année, d'où le terme « saisonnière ». Plus de la moitié des cas de conjonctivite allergique sont de nature saisonnière.
Par opposition, la conjonctivite allergique annuelle (CAA), quant à elle, n'est pas conditionnée par les saisons. Les symptômes sont présents toute l'année. Elle peut découler d'une foule de facteurs, dont une sensibilisation aux acariens et/ou aux animaux. Cliniquement, elle est caractérisée par une démangeaison oculaire, de la rougeur, de l'enflure et du larmoiement. Certains patients se plaignent également de sensation de brûlure, de picotement et de grains de sable sous la paupière.
Comment établit-on un diagnostic?
Le diagnostic se fait bien souvent sur la base des symptômes cliniques rapportés par le patient et relève de la compétence d'un optométriste ou d'un médecin. Il est donc important d'avoir recours aux soins donnés par un professionnel afin de confirmer le diagnostic, évaluer l'état de santé de l'œil et exclure certains problèmes associés tels que la blépharite (eczéma de la paupière) et la sécheresse oculaire. Des tests d'allergie sont indiqués dans le but de trouver la cause de la conjonctivite allergique et de permettre une prise en charge optimale. En clinique, nos professionnels sont formés afin de déceler la présence de cette maladie. Il est donc important, en plus de compléter un examen de la vue annuel, de rester à l’affût des symptômes associés à la conjonctivite.
Quels sont les traitements disponibles?
Les options thérapeutiques sont nombreuses. Les antihistaminiques oculaires (Bepreve, Patanol, Pataday) agissent comme antagonistes de l’histamine et bloquent son action au niveau de l'œil. L'histamine est secrétée par les cellules au niveau de l'œil après un contact avec un allergène. Les antihistaminiques oculaires sont rapidement efficaces. En d’autres mots, ils limiteront les effets désagréables de l’inflammation afin de permettre au patient de vaquer à ses activités le plus normalement possible. Toutefois, ceux pris par voie orale (Aerius, Réactine, Claritin) agissent moins bien et sont associés à des effets secondaires plus fréquents (sécheresse de la bouche, somnolence, etc.).
Les stabilisateurs de la paroi des mastocytes (Zaditor) sont également disponibles en vente libre. Pour leur part, ils agissent en prévenant la libération de médiateurs inflammatoires (comme l'histamine) par les cellules immunitaires au niveau de l'œil. Ces gouttes ophtalmiques doivent cependant être administrées 2 à 4 fois par jour pour une efficacité maximale.
Finalement, les corticostéroïdes ophtalmiques, que l’on retrouve en pharmacie sous le nom d’Alrex, contrôlent l'inflammation de l'œil. L'activité anti-inflammatoire de ces médicaments est reliée à leur capacité d'inhiber l'activation de multiples types de cellules inflammatoires. La prudence est cependant de mise lors de l'utilisation de ces gouttes ophtalmiques. En effet, une utilisation prolongée de celles-ci sans un suivi par un optométriste ou un ophtalmologiste peut entraîner un risque accru de glaucome et de cataracte, deux maladies de l’œil pouvant provoquer une diminution du champ de vision.
En résumé, les symptômes d'une conjonctivite allergique, saisonnière ou annuelle, sont très incommodants et d'intensité variable. La majorité des personnes souffrant d'une CAA ou d'une CAS peuvent se traiter elles-mêmes avant de consulter un spécialiste des soins oculaires. Il en résulte un soulagement partiel des signes et symptômes persistants ou graves de la conjonctivite. Les options thérapeutiques sont nombreuses, il convient donc de consulter un professionnel de la santé oculaire afin de bénéficier du meilleur traitement possible! Rappelez-vous, la meilleure façon d’assurer une bonne santé des yeux est de prendre rendez-vous avec un professionnel de la vue, et ce, annuellement!
Dr Jean-Nicolas Boursiquot, MD MSc FRCPC
Allergologue, CHU de Québec
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